Chloe Ardelia Wofford est la seconde d’une fratrie de quatre. Sa mère, femme de ménage, et son père, soudeur, accordent beaucoup d’importance à l’éducation et à la culture de leurs enfants. La jeune Chloe est la seule de sa classe à savoir déjà lire en entrant à l’école. À douze ans, la jeune fille se convertit au catholicisme et choisit Antony comme nom de baptême, en hommage à Saint Antoine de Padoue. À l’université, Chloe change son prénom pour celui de Toni, en référence à son nom de baptême. Elle fréquente les meilleures universités afro-américaines en même temps qu’elle découvre le racisme. Toni Wofford se marie, divorce, mais garde le nom de son époux comme nom de plume. Toni Morrison publie son premier roman à 39 ans. En tant que professeure à l’université et dans ses activités d’éditrice, elle milite pour émanciper les afro-américains. Ses romans remportent un franc succès : elle obtient le prix Pulitzer pour Beloved et elle est la première autrice afro-américaine à recevoir le prix Nobel de littérature en 1993. En octobre 1998, elle n’hésite pas à qualifier Bill Clinton de « premier président noir américain, plus noir que n’importe quel Noir ». Une pneumonie l’a emportée le 5 août 2019.
La classe visionne à deux reprises le reportage « Toni Morrison, une auteure engagée devenue icône de la culture afro-américaine » sur le site https://culture. tv5monde.com/ et prend des notes. Les élèves doivent réfléchir à des abréviations qui leur soient propres et utiliser des tirets pour marquer les différentes idées. Les phrases sont interdites ! Ensuite, quelques élèves lisent leurs notes. On compare ce qui a été retenu par chacun.
Christine de Pizan nait à Venise en 1364. Dès ses 4 ans, elle part vivre à la cour du roi Charles V où elle reçoit une éducation soignée : musique, poésie, français, italien et latin lui sont enseignés. Mariée à l’âge de quinze ans, elle devient veuve huit ans plus tard. Elle reste avec trois enfants à charge, ainsi que sa mère et sa tante analphabètes. Elle prend la décision stupéfiante de ne pas se remarier et de subvenir seule, grâce à sa plume, aux besoins familiaux. Elle écrit de la poésie : « Seulete suy et seulete vueil estre,… ». Après la mort de son père puis de son mari, Christine de Pizan affronte quatorze ans de procès pour régler les dettes familiales. Elle décide de se défendre seule. En 1405, elle délaisse la poésie et rédige des traités philosophiques, politiques et moraux. Elle prend part activement à la première querelle littéraire autour du Roman de la Rose. L’autrice défend une conception essentialiste des deux sexes, chacun étant gouverné par des qualités propres à la biologie. Elle prône l’honneur et la vertu pour les femmes. En cela, elle n’est pas féministe. Néanmoins, elle est la première à militer contre le déterminisme qui condamne les femmes à l’inculture. Pour elle, s’ils sont différents, hommes et femmes sont égaux devant Dieu.
Léonora Miano place l’appartenance à une double culture au coeur de son oeuvre littéraire, oeuvre qui a été récompensée par de nombreux prix. Ses personnages sont souvent « Afropéens » : des individus européens par leur vécu, leur culture mais qui ont des ascendants africains, subsahariens. Cette question de l’identité « afropéenne » est centrale chez elle, notamment pour sa propre fille : comment construire sa place d’enfant noire dans un pays majoritairement blanc ? Si Léonora Miano est née au Cameroun, elle a poursuivi sa scolarité en France. Elle n’emploie jamais le terme Cameroun dans ses fictions. Le mot vient de l’appellation donnée par les colons portugais devant un fourmillement de crustacés dans les eaux d’un fleuve que les Portugais baptisent Rio dos Camarões, « le fleuve des crevettes ». Cameroun est un mot francisé qui signifie donc trivialement « Crevettes ». L’autrice trouve le terme peu valorisant et préfère inventer sans cesse des territoires fictifs dans ses écrits. Avec le recueil Afropean Soul et autres nouvelles, elle met en scène des exclus, des gens rarement mis à l’honneur dans des fictions, car « les montrer, c’est les rapprocher des autres ». Ses récits engagés sont ancrés dans la réalité du monde contemporain ; elle cherche à dénoncer tout ce qui pourrait être un frein à la dignité humaine.
On propose aux élèves de lire l’interview de Léonora Miano sur le site https://aflit.arts.uwa.edu.au/AMINAMiano.html. Après échanges en classe, on vérifie qu’ils ont repéré la structure de l’entretien et le type de questions posées. On leur demande ensuite d’imaginer l’interview de l’auteur ou l’autrice d’un roman lu récemment et de consigner cette activité dans leur cahier de lecteur.