Interview de Geneviève Briet, co-autrice des capsules phonétiques de Défi, méthode FLE pour grands adolescents et adultes


Geneviève Briet est co-autrice des capsules phonétiques de la méthode FLE pour grands adolescents et adultes Défi (niveaux 1, 2 et 3). Découvrez son interview dans cet article !


Vous êtes co-autrice des capsules de phonétique de Défi, notre méthode FLE pour grands adolescents et adultes. Vous travaillez également en tant que formatrice. Pouvez-vous nous parler rapidement de votre parcours ? 

Geneviève Briet : Le FLE m’a attirée dès que j’ai découvert son existence au cours de mes études de philologie romane, et j’ai voulu utiliser sa créativité, son ouverture et sa diversité déjà lorsque j’enseignais le français comme langue maternelle. Depuis 1999, je l’enseigne pleinement à l’Institut des langues vivantes de l’Université catholique de Louvain, où j’ai la chance de pouvoir également mener de la recherche appliquée sur la production écrite, les stratégies d’écoute et la prononciation. La découverte de la démarche pédagogique de TV5MONDE a vraiment été un déclencheur. J’ai découvert qu’on pouvait écouter un document authentique dès le niveau débutant, en proposant des activités progressives et variées pour comprendre et communiquer, tant à l’oral qu’à l’écrit, à partir d’une écoute de 30 secondes. C’était fabuleux, tout ce vivier de documents et toutes les idées pour les animer en classe ! Dès lors, après avoir suivi une formation, je suis moi-même devenue formatrice, puis j’ai développé avec TV5MONDE le site Première Classe, destiné aux grands débutants.

J’ai le plaisir d’enseigner le français à des jeunes adultes venus des quatre coins du monde, et de partager mes recherches et mes expériences par des livres (Stratégies interculturelles, Apprendre et enseigner avec Brel, La prononciation en classe, La chanson des années 60. Brel. Gainsbourg) et par des formations (actuellement, sur la prononciation).

 

Pouvez-vous nous présenter l’approche des capsules phonétiques de Défi ?

GB : Avec Valérie Collige-Neuenschwander, co-autrice dans ce projet, nous avons voulu apporter un éclairage tout à fait différent sur la prononciation.

Je m’explique : quand on évoque la prononciation, on pense souvent à la bonne ou mauvaise réalisation d’un son, à l’opposition entre deux sons confondus par les apprenants. Mais c’est très réducteur, c’est comme si on demandait à un musicien de faire la différence entre un si bémol et un la sans se préoccuper du rythme, des accentuations ni du mouvement mélodique qui lie ces notes.  La prononciation d’une langue, c’est bien plus que des différences de sons : c’est d’abord et avant tout adopter un rythme, une accentuation et une mélodie qui sont fondamentaux à acquérir et sur lesquels viennent se poser les sons.

C’est pourquoi nous avons consacré la plupart des capsules de Défi 1 au rythme et à l’intonation, car, comme je l’ai expliqué dans la Rencontre virtuelle FLE du 30 janvier 2019[*], consacrer du temps d’abord au rythme et à l’intonation, c’est vraiment gagnant. D’une part, parce que tout se joue dans les soixante premières heures de contact avec le français, comme l’expose Raymond Renard dans son Introduction à la méthode verbo-tonale de correction phonétique (parue chez Didier en 1971), et que le français est loin d’être une langue à l’écriture phonétique ! D’autre part, parce que l’apprenant qui accentue à la bonne place, fait les pauses au bon endroit et lie les groupes de mots par les mouvements de l’intonation sera bien plus compréhensible que s’il ne le fait pas alors qu’il prononce un « R » parfaitement français. Enfin, parce qu’une fois que les fondations rythmiques et mélodiques sont posées, les sons typiques du français s’installent presque tout seuls.

Exemple de capsule phonétique.
Découvrez l’ensemble des capsules phonétiques
de Défi sur l’Espace virtuel en accès gratuit.

Quels étaient vos objectifs, vos envies, lorsque vous avez commencé à travailler sur ce projet ? 

GB : Nous voulions faire comprendre le fonctionnement de la prononciation du français. Par des métaphores, des comparaisons, des images, des animations. Nous voulions aussi que ce soit le plus simple possible, accessible tant à l’enseignant qui n’a peut-être pas reçu une formation très poussée en phonétique, que pour l’apprenant qui doit découvrir de nouveaux mots qui dansent sur une nouvelle musique !

Nous souhaitions également essayer de partager quelques-uns de nos trucs et astuces pour acquérir le rythme, l’intonation et quelques caractéristiques articulatoires du français.  Pour nous, la prononciation s’appréhende tant par la tête que par le corps et par le cœur.

Ce qui nous paraissait également important était d’intégrer les objectifs de prononciation aux différents thèmes traités dans chacun des manuels de Défi. Toutes les capsules concentrent donc des particularités de prononciation reprises dans chacun des textes déclencheurs.

Enfin, pour le niveau A2, nous avons choisi de démarrer la capsule par un dialogue d’amorce qui peut facilement être joué par les apprenants lors de la phase d’appropriation phonétique. L’explication proprement dite se fait entre un ou une apprenant(e) qui parle avec son ou sa professeur(e), qui n’hésite pas à proposer quelques exercices. Par la suite, l’apprenant pourra fixer ce qu’il a appris avec les exercices à sa disposition dans le cahier d’exercices, en version papier ou numérique.

 

Comment avez-vous atteint vos objectifs dans Défi ?

GB : Je pense que la mise en animation de nos scénarios d’explication pour les capsules de Défi est particulièrement efficace.

Les questions de l’éditeur, comme les retours de l’équipe d’animation et des comédiens nous ont incitées à clarifier, simplifier, insister sur certains aspects devenus dès lors plus faciles à comprendre. De plus, l’interprétation en images de nos scénarios s’est enrichie de jolies trouvailles qui font sens.

Bien sûr, les étudiants débutants sont très réceptifs aux capsules et essaient spontanément, en chœur, de répéter les phrases proposées en exercices. Par ailleurs, j’ai montré cette année les capsules relatives à l’intonation à mes groupes d’étudiants à objectif B2, qui m’ont dit qu’ils les trouvaient très intéressantes ; par exemple, on ne leur avait jamais présenté les quatre étages de la prononciation ni le déploiement de l’intonation sur ces différents niveaux.

Comme ces capsules sont très courtes, il est très facile de les montrer en classe, soit comme amorce d’une leçon, soit comme rappel d’une séquence passée. Mais il est vraiment important de se les approprier tous, prof comme élèves, en refaisant les gestes ensemble. La prononciation, c’est du verbal, du musical et du corporel !

 

Quels sont les autres points forts que vous mettriez en avant ? 

GB : Dans ces capsules, nous avons tenté de marier l’eau et le feu, c’est-à-dire la méthode articulatoire et la méthode verbo-tonale (dans ses grands principes). D’abord parce que nous privilégions la prosodie (le rythme et l’intonation), puis parce que nous soutenons certaines caractéristiques articulatoires d’un son difficile à obtenir par des procédés mis en avant par la méthode verbo-tonale. Par exemple, pour faire comprendre la distinction entre le /s/ et le /z/, nous pouvons recommander de poser un doigt sur la pomme d’Adam pour percevoir la vibration des cordes vocales pour le /z/, mais nous pouvons aussi suggérer d’adopter une position corporelle beaucoup plus relâchée, le son /z/ différant du /s/ par une tension beaucoup moins importante.

 

Dans Défi, chaque unité est composée de deux dossiers thématiques. Conseillez-vous de commencer ou de terminer le dossier par la prononciation ?

GB : Les deux sont possibles, mais comme je l’ai déjà dit, les premières heures de contact avec la musicalité de la langue sont déterminantes et plus tard on exposera l’apprenant à l’écrit, meilleur il sera dans sa performance de prononciation. En fait, la prononciation ne vient pas après la grammaire, elle est la grammaire, puisque c’est le groupe de mots marqué d’une accentuation et moulé dans une mélodie qui forme en réalité un groupe verbal ou un groupe nominal. Comme le faisait remarquer une participante à l’une de nos formations, la prononciation ne vient pas comme une cerise sur le gâteau, mais plutôt comme la mise en bouche préalable à toute la dégustation !

 

Et pour finir, que nous recommandez-vous ?

GB :  Les capsules de Défi sont présentées dans une certaine progression d’acquisition phonétique, mais si vous ne vous sentez pas encore tout à fait à l’aise pour aborder la prononciation, commencez par celle avec laquelle vous vous sentez le mieux, et qui vous inspire des activités ou des exercices qui engagent le rythme, la mélodie ou les sons, par des jeux, des comptines, des reprises d’extraits de films ou de l’expression corporelle. Et surtout, prenez du plaisir à faire prononcer.


[*]Pour voir ou revoir cette Rencontre virtuelle FLE, rendez-vous sur Youtube. Toutes nos Rencontres virtuelles FLE sont disponibles en replay sur l’Espace virtuel, rubrique Formation.

 

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