Apprendre à apprendre, ou quelques stratégies d’apprentissage visant à l’autonomie des apprenants


Par Amandine Quétel, autrice de À la Une et Défi.

Pourquoi apprendre à apprendre ?

Le travail d’un enseignant consiste à dispenser des enseignements, c’est indéniable, tout comme celui d’un apprenant qui consiste à acquérir des connaissances et des compétences. Cependant, il convient de souligner que l’apprentissage n’est pas une tâche aisée (de même que l’enseignement), et qu’il est nécessaire d’apprendre à apprendre.

Il incombe donc aux enseignants de transmettre aux élèves les techniques appropriées pour leur permettre de travailler efficacement, d’acquérir les compétences requises et de mémoriser les informations de manière durable. Enseigner à apprendre ou l’enseignement de la manière d’apprendre constitue une part importante de notre rôle aujourd’hui.

En effet, de nos jours, un enseignant de langue étrangère ne se contente plus de détenir le savoir qu’il va transmettre à ses élèves. Son rôle a changé, il n’est plus sur une estrade face au groupe, dans une position de domination et de supériorité. Au contraire, l’enseignant se positionne désormais comme un guide, un facilitateur, un accompagnateur ou encore un coach.

On peut d’ailleurs faire une analogie entre une salle de classe et une salle de sport : le coach est là pour nous apprendre les bons gestes, savoir utiliser correctement les machines, élaborer un plan d’action qui nous convienne et qui nous permette d’atteindre nos objectifs. Mais ça n’est pas lui qui possède les muscles et qui va nous les transmettre, c’est à nous de nous entraîner, de travailler, de systématiser…

C’est d’autant plus vrai pour les jeunes publics, ou les publics ayant très peu, voire jamais, été scolarisés. En effet, enseigner à ces élèves des stratégies d’apprentissage, contribue à leur développement global et les aidera tout au long de leur vie, qu’ils soient intéressés ou non par l’apprentissage des langues étrangères. En effet, ces stratégies leur permettront d’acquérir de nouvelles compétences, de surmonter des obstacles et de renforcer leur confiance en eux-mêmes, ce qui sera bénéfique pour leur réussite dans tous les domaines de leur vie. Par conséquent, l’enseignement de ces stratégies ne doit pas être considéré comme une simple étape du processus d’apprentissage, mais plutôt comme un investissement pour l’avenir de l’apprenant.

 

Alors comment apprendre à apprendre ? Quelles techniques proposer à nos élèves ?

Commençons par travailler avec eux la méthodologie. Lorsqu’on parle de méthodologie on peut évoquer la manière, le mode d’emploi pour réaliser un exercice ou une tâche, mais aussi le mode d’emploi pour bien apprendre, et être de plus en plus autonome dans son apprentissage.

Nos élèves peuvent avoir des profils très différents, scolarisés ou non, des habitudes d’apprentissage ou non, des âges différents, des cultures scolaires différentes, etc. Quel que soit leur profil, un peu de méthodologie les aidera à structurer leur travail et leur apprentissage, et donc permettra qu’ils soient moins perdus et dispersés par moment.

Dans la collection Les Globe-trotteurs, tout au long des leçons, les élèves découvrent des « astuces » méthodologiques qui vont les aider à avancer vers une certaine autonomie dans l’apprentissage, structurer leurs connaissances et leurs compétences.

Par exemple :

  • Des astuces pour les amener à se servir des différentes langues qu’ils connaissent pour deviner le sens de certains nouveaux mots, comprendre une règle de grammaire, comparer le fonctionnement des langues,
  • Des astuces pour ne pas paniquer à l’écoute d’un document audio, mais inciter à s’appuyer sur certaines connaissances, se concentrer sur ce qui est connu,
  • Des astuces pour organiser leurs connaissances…

Les enseignants contribuent également à transmettre certaines de leurs techniques, car après tout, avant d’être enseignants, ils ont tous été apprenants eux aussi. Comment organiser son cahier, que faire du nouveau vocabulaire, comment mémoriser des informations… Ils ont eux aussi leurs techniques qui peuvent parfois donner des idées aux élèves.

 

Dans la collection Défi, les enseignants comme les apprenants peuvent s’appuyer sur les pages « méthodologie » dans lesquels ils vont pouvoir découvrir une tâche en plusieurs étapes, des exemples de production, des exercices pour s’entraîner, dans le but d’être capable d’accomplir un exercice précis. Par exemple : réaliser une carte mentale, organiser son discours à l’écrit, rédiger une introduction et une conclusion, préparer une présentation orale…

Ces phases d’apprentissage méthodologiques sont capitales pour que notre élève ait toutes les clés en mains pour réaliser les tâches qui lui sont demandées. Il peut ainsi se concentrer sur la langue, à son niveau, en ayant une méthode de travail solide et efficace.

 

Un autre exemple tiré cette fois de la collection Prêt-à-parler : tout au long des unités, des activités « Mémos » sont proposées aux élèves. Ces activités offrent aux apprenants, même s’ils ne sont encore qu’au stade de débutants, l’opportunité de prendre conscience de leur processus d’apprentissage et d’installer l’habitude de réviser régulièrement les acquis récents, jusqu’à ce qu’ils soient intégrés dans leur mémoire à long terme. Cette technique est particulièrement adaptée aux adultes, souvent persuadés qu’ils ne sont plus capables d’apprendre, ce qui constitue un frein à leur apprentissage.

 

Un autre point important pour faciliter l’apprentissage pour les élèves c’est de varier les supports et les types d’activités.

En effet, chaque élève a sa propre sensibilité, ses goûts, ses centres d’intérêt, sa manière d’appréhender le monde extérieur, de le comprendre… On parle parfois de mémoire visuelle, ou auditive, d’intelligences multiples… Ce qu’il est important de garder en tête c’est que chaque tête justement est faite différemment et qu’il est donc primordial de proposer une palette d’activités et de supports pour que chacun y trouve son compte.

 

Outils, supports et techniques

  • La carte mentale : idéale pour les personnes qui ont besoin de visualiser les idées et des concepts, de les organiser, de les illustrer. On en trouve par exemple dans chaque unité de Les Globe-trotteurs pour récapituler, illustrer et mémoriser le vocabulaire de l’unité. Mais aussi dans Défi où on les utilise pour différentes raisons : organiser des informations, réfléchir à des concepts, organiser son discours, expliquer un processus…

 

 

  • La musique : la musicalité, les rimes, le rythme, permettent d’activer la mémoire sans efforts. Alors pourquoi ne pas apprendre en chanson, apprendre des chansons ? Dans la collection Cap sur…, chaque unité est constituée d’une chanson originale reprenant les structures, la thématique et le vocabulaire que les enfants ont pu découvrir dans l’unité. Ces chansons sont entraînantes et restent dans la tête des élèves (comme des profs), ce sont donc des phrases en français qui restent dans leur mémoire ! Avec la version karaoké de chaque chanson (sur Espace virtuel) ils pourront ensuite les chanter à tue-tête !

 

  • Créer : manipuler, construire, toucher, fabriquer, peindre, bricoler… Les arts visuels sont un vecteur d’apprentissage, d’éveil, qui permettent de toucher certains élèves, de les valoriser, de stimuler des zones du cerveau qui vont se connecter à l’apprentissage du français. Différents sens se mettent en éveil lorsque l’on regarde un tableau, écoute une mélodie, sent un parfum, des émotions sont activées et la mémoire également.

 

Enfin, le meilleur moyen d’aider notre élève à apprendre, c’est de lui proposer de prendre la place de l’enseignant !

En effet lorsque l’on doit expliquer une notion à quelqu’un cela nous demande de l’avoir très bien comprise et acquise pour que l’enseignement se fasse de la manière la plus fluide possible. C’est pour cela qu’il est intéressant de proposer régulièrement à nos élèves de prendre notre place, pour un moment donné et avec une mission précise. Notre élève sera alors obligé de se poser les bonnes questions, d’approfondir son sujet, de comprendre les informations, les organiser et en plus de faire en sorte que son auditoire (ses camarades) soit captivé ! En réalisant toutes ces étapes, notre élève aura mémorisé toutes les informations et aura trouvé une manière de les transmettre à ses camarades sans doute différente de celle que l’enseignant aurait utilisé.

 

Dans le même ordre d’idée, lorsque l’élève est impliqué et concentré sur la création d’un objet, d’un projet, d’une œuvre il peut se détacher un peu du fonctionnement de la langue et prendre ce recul lui permet de l’employer de manière plus naturelle. On ne fait pas de la grammaire mais on fait quelque chose en français, donc l’attention de l’élève est déportée sur le projet et non plus sur la forme de la langue. Or le fait d’utiliser la langue d’une manière naturelle permet également d’ancrer son acquisition plus profondément.

 

 

Conclusions

Si l’on souhaite récapituler les outils dont on dispose pour aider nos élèves à apprendre de la manière la plus efficace possible mais surtout la plus adaptée à leur profil, nous disposons donc de :

  • conseils pour organiser son apprentissage
  • conseils pour aborder les nouveautés en toute sérénité
  • recettes méthodologiques pour effectuer une tâche spécifique
  • supports et activités les plus variés possibles
  • la technique de faire faire en français

 

Ces différents points permettent de comprendre l’étendue des possibilités qui s’offrent aux enseignants mais peuvent aussi être pris comme des points de vigilance au moment de préparer ses cours. On se posera ainsi les questions suivantes pour chaque unité :

  • Ai-je varié les supports ?
  • Ai-je prévu de susciter des émotions chez mes élèves ?
  • Vont-ils faire des choses en français ?
  • À quel moment puis-je leur laisser ma place ?
  • Fais-je appel à différents types de sensibilité, de mémoire ou d’intelligence ?
  • Ont-ils toutes les clés pour réaliser ces activités ?
  • Quels conseils pourrais-je leur donner pour les aider à réaliser cette activité ?

 

Se poser les bonnes questions, c’est déjà trouver une grande partie de la réponse !

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